jeudi, mars 25, 2010

Love is in the air

Elle avait retenu son souffle jusqu’à ce qu’elle claque la porte de l’appartement et glissé dessous une feuille pliée en deux. Il y a avait quelques mots gribouillés à la va-vite dans cette feuille, mais aussi la clé de l’appartement. Elle avait retenu son souffle dans les escaliers et franchit la porte de l’immeuble précipitamment, elle voulait s’en éloigner avant qu’il ne rentre. Elle avançait dans cette rue piétonne d’un pas engagé et léger, comme sa valise. De toutes les façons elle ne voulait pas prendre grand-chose de ce qu’elle laissait derrière elle, de ce qu’elle plaquait. Les claquements de ses bouts de talons et le roulement de sa valise la faisaient sourire, des bruits qui résonnaient comme des notes de liberté dans cette rue. En rentrant ce soir, elle ne pensait pas ressortir dans l’heure qui suivait avec sa valise. Toute la journée, elle ne voulait pas répondre à ses appels pour ne pas lui dire au revoir, pour ne pas pleurer. Ce soir, en sortant de sa douche, elle trouvait un message "je ne prendrai pas l’avion sans toi". Elle qui ne voulait pas pleurer en lui disant au revoir, c’est en sanglot qu’elle faisait sa valise. Pour une fois qu’elle pleurait de bonheur dans cet appartement. Elle sait qu’il l’attendra, elle sait qu’il l’aimera. Maintenant elle sait aussi que c’est avec lui qu’elle veut refaire sa vie, elle qui avait peur d’être déçue une fois encore, d’être seulement un trophée sur talons hauts qu’un homme voulait exhiber à son bras lors des soirées mondaines. Elle commence à hâter le pas pour sortir de cette rue qu’elle quitte avec un sourire après l’avoir tellement traversée le visage triste. Ce soir elle s’envole vers une autre vie et un autre continent, mais s’envole surtout avec celui qui l’aime. Ce soir, elle n’a jamais respiré un air aussi doux dans cette rue.

Ce texte est une contribution au Jeu d'écriture(s) du blog à 1000 mains sur une photo de Robert Lubanski.

mardi, mars 09, 2010

La Ferme des Célébrités

C’est une période particulièrement agitée pour le grand timonier qui doit gérer les déceptions accumulées des français et les foirades politiques. Sarkozy ne pouvait donc pas se permettre le moindre faux pas avant les régionales. C’est donc en catimini, alors que le salon de l’agriculture était encore fermé au public que le monarque est allé honorer le peuple de l’herbe. Arrivé 30 minutes avant l’ouverture des portes aux pov’cons, Sarko n’a fait que traverser le salon au pas de course et enchainer avec une table ronde en off de l’exposition. Pour Sarko, être président c’est devenu le salaire de la peur dès qu’il y a risque d’aller à la rencontre du bon peuple. Sarkozy a peur, peur du peuple mais aussi peur des journalistes en liberté, ces sauvages pas accrédités qui ne sont pas passés par la case briefing de l’Elysée. Le salon de l’agriculture était donc la somme de toutes les peurs de Sarkozy. Mais Sarkozy ne veut pas montrer que c’est rien qu’une petite fiotte, il s’entoure donc de barbouzes et se la joue Joe Pesci qui fait son parrain new-yorkais. Trop facile alors de traiter les gens de "pov’con" du haut de ses talonnettes et de lancer des "descends le dire" un peu comme le ferait Robert De Niro. Depuis quelques mois, Sarkozy ne va qu’à la rencontre de français estampillés UMP et de journalistes accrédités par l’Elysée, tout le reste est maintenu en dehors des cordons de sécurité. Le concept du français accrédité est né. Sarkozy est un président démocratiquement élu qui développe des réflexes de dictateurs. Chacun de ses déplacements implique un déploiement sécuritaire impressionnant et des quartiers entiers sont bouclés, vidés et repeuplés de figurants UMP. Pire, les manifestants sont systématiquement refoulés loin derrière les zones de sécurité et pancartes et banderoles confisquées avec brutalité. La pire des images que peut renvoyer un président élu c’est celle d’un président sans peuple. C’est l’image de Sarkozy aujourd’hui, un monarque complètement isolé d’un peuple qui n’écoute même plus ses discours et ses promesses à la con. Entre temps, Rachida Dati jouait l’héroïne m’as-tu-vu en Irak où elle était partie avec la délégation européenne chargée d’observer les élections législatives. A vrai dire, elle était à Bagdad pour se faire observer et bitcher devant l’équipe de Paris Match qui l’accompagnait. Une opération comm d’une obscénité hallucinante sur les bords du Tigre, en jeans serrés et talons hauts, escortée par les GIGN de l’ambassade de France, surement contents d’être dans l’ambiance Dati et de se mettre en danger juste pour servir la mégalomanie de miss peoplitique. Promis, la prochaine fois je vous parlerai de la nouvelle collection Vanessa Bruno.