dimanche, avril 25, 2010

Petits meurtres entre (belle) amis

Ces derniers jours, la monarchie vivait au rythme des intrigues du palais, des courtisanes et des bouffons du roi. Une république bananière qui vit au rythme de rumeurs et d’histoires de jupons, une république qui vit au rythme des intrigues d’une cour où tout le monde se tient par les couilles. Petit rappel des faits : Le soir du second tour des régionales, l’Elysée taxait à la zoubida ses avantages régaliens à savoir sa 607 (avec gyrophare et carte essence), son chauffeur, son escorte de quatre officiers et un téléphone payé par l’Etat qui lui servait pour commérer. Pas grave, il lui restait toujours le plus important, son téléphone arabe. La Cendrillon se faisait botter le cul comme une vulgaire Loana. On apprenait ensuite que le président soleil avait reçu un rapport impliquant la régente du 7e arrondissement dans les commérages visant le château. C’est le début du Dati Gate. Au-delà des analyses des propos des uns et des autres, des accusations, des numéros de funambules et du rétropédalage collectif, il faut retenir deux phrases clés : d’abord celle du Professeur Charon : «la peur doit changer de camp», à laquelle fera face Dati, la médisante de la république avec son «je n’ai peur de rien». Deux phrases qui traduisent le climat délétère en Sarkozie entre menaces, manipulations et arrivisme politique. Entre le monarque et ceux qui sont tombés en disgrâce, il y a toujours eu un équilibre de la peur, un véritable respect mafieux, et le cas David Martinon est le plus parlant. Rappelez-vous de ce proche de Cécilia, ancien chef de cabinet de la campagne présidentielle de Sarko, ensuite porte-parole de l’Elysée, adoubé par le roi pour la Mairie de Neuilly, trahi par le prince Jean qui le soutenait à mort. Il eut également le bonheur d’être traité d’imbécile et d’enfant puis tomber en disgrâce pour ne pas avoir su briefer une journaliste de la CBS avant l’interview du monarque. Trahi, au frigo avec une carrière politique avortée, David Martinon avait su néanmoins fermer sa gueule et rester fidèle à son parrain. Son silence fut bien récompensé : d’abord limogé, il continuait sur ordre de Sarko à percevoir son salaire de porte-parole de l’Elysée jusqu’à sa prise de fonction de Consul Général à Los Angeles. David Martinon partait alors pour un exil doré : résidence sur Santa Monica Boulevard, footing sur ses plages, Jaguar de fonction et du people en veux-tu-en-voilà. Le salaire de la peur s’avère payant et le monarque sait se montrer généreux pour avoir la paix. Mais le roi sait aussi se montrer très rancunier à l’occasion de crimes de lèse-majesté comme en est devenue coutumière Rachida Dati, arriviste, reine de l’intrigue, menteuse et manipulatrice. Dati n’est pas à son premier chantage politique : alors que Sarko voulait se débarrasser d’elle en la poussant vers les élections européennes, elle faisait déjà savoir dans quelques petits cercles qu’elle savait des choses en tant qu’ancienne chargée des attributions de marchés publics dans les Hauts-de-Seine, fief sarkoziste, sans compter le fait qu’elle se targue toujours de savoir beaucoup de choses sur la vie privée et les amitiés de Sarko depuis la période Cécilia. C’est dans cette logique de chantage que Rimmel girl était désignée comme colporteuse de la rumeur. A la décharge de Sarko, ce dernier n’avait aucun intérêt à provoquer Dati et rentrer dans son jeu. Et puis s’il voulait le faire, il l’aurait emmerdée en divulguant en sous-main le nom du pervers qui l’avait engrossée. Mais l’arrivisme de Dati fait qu’elle est en perpétuelles manœuvres et chantages, ce qui constitue une pression constante sur le monarque et la firme. La peur devait donc changer de camp, ou du moins l’équilibre de la peur devait être rétabli : après les démonstrations de force, Dati et l’Elysée faisaient machine arrière au même moment, un spectacle pitoyable avec à son apogée reine Carla qui s’improvise porte-parole de l’Elysée et renouvelle son amitié et celle de son mari à Dati. Venant d’une mafieuse, cette "amitié" sent bien le baiser de la mort. C’est Whore Game à l’Elysée : jamais le ridicule n’avait atteint de telles proportions au plus haut sommet de la république entre trahisons et mascarades. Ultime rebondissement : la mise en quarantaine du professeur Charon, censée calmer les enchères de la peur et du chantage. Mais Charon est un nuisible et Sarko devrait se méfier de celui qui disait que Claude Chirac "couchait avec le Tout Paris". Que dira-t-il de la volage reine? Carla qui le désavouait gentiment en affirmant qu’il "a parlé avec l'emportement de l'amitié", saura que l’amitié chez Pierre Charon se pratique par derrière et à sec.

vendredi, avril 02, 2010

Happy Meal


Sarkozy est un homme de grandes réalisations et il ne s’attarde pas sur les petits échecs. Après l’humiliation des régionales, c’est aux Etats-Unis qu’il est parti se ressourcer et nourrir son rêve américain : manger à la Maison Blanche. Sarko pétillait de bonheur, comme un gosse qui allait avoir son Happy Meal. Il voulait faire croire à une exclu, même s’il y a du monde qui était passé avant lui, un peu comme pour Carla. Les apparts privés de la Maison Blanche, c’est Disneyland pour lui. Passons sur le speech à Columbia University où le grand timonier s’est découvert un talent de grand orateur à l’instant même où il s’est accroché à son pupitre sur-mesure ramené de France. Un discours totalement schizophrène, une ode à la connerie : il voulu montrer qu’il n’était pas socialiste, il est carrément passé pour un communiste. Un discours fourre-tout, se payant même le luxe de donner son avis sur la réforme de la santé voulue par Obama, sur la gestion de la crise Lehman Brothers, se payant aussi le luxe de donner des leçons aux américains sur la régulation des marchés financiers, oubliant au passage qu’Obama avait fait beaucoup plus que lui dans ce domaine. Et comme dans chacun de ses grands discours, le monarque n’oubliait pas de faire une spéciale dédicace à sa nympho transalpine qui, au passage, se fait traiter d’italienne chaudasse par le New York Post dans un article faisant allusion au café italien et à Sarko qui se la jouait fin de race en exigeant une machine à espresso à sa disposition. Mais les USA excitent le monarque encore plus que le café italien : il était agité comme un furet shooté au qat lors de son discours qui restera comme une humiliation à la langue française et à la dignité de sa république. Et Sarko pouvait compter sur Obama pour enfoncer encore plus son image : le président américain n’a même pas daigné bouger de son bureau pour aller accueillir le monarque français devant l’entrée de la West Wing. Il faut dire qu’Obama ne supporte pas Sarko, son agitation, ses familiarités et ses tentatives de faire de lui son meilleur ami. Denzel Washington et Joe Pesci ne peuvent pas être potes. Obama ne rate donc aucune occasion pour humilier Sarko. Ce fut le cas le 6 Juin dernier, lors du 65e anniversaire du débarquement. Obama a refusé alors une invitation pour déjeuner à l’Elysée et apprenait les bonnes manières au monarque qui n’avait pas daigné inviter la Reine d’Angleterre aux cérémonies. Robert Gibbs, le porte-parole de la maison blanche regrettait ironiquement que la présidence américaine ne soit pas en charge des invitations. Paniqué, l’Elysée envoyait une invitation de dernière minute à la Reine qui la déclinait et envoyait le Prince Charles à sa place. Une humiliation internationale. Obama avait fait passer Sarko pour un beauf doublé d’un ignorant des faits historiques. Un mois plus tard, en Juillet 2009, Obama récidivait et ridiculisait le grand timonier en lui envoyant Charles Rivkin comme ambassadeur à Paris, un ami d’Obama et délégué du sénateur John Kerry. Mais Rivkin est surtout connu comme producteur de Yo Gabba Gabba, une sorte de Muppet Show sur la chaîne Nick Jr. Obama jugeait sûrement que Rivkin ferait un excellent interlocuteur avec le guignol de l’Elysée. Obama n’avait pas non plus hésité à se moquer de Sarko lors du sommet de Copenhague, disant qu’il avait fait ses devoirs quotidiens en écologie, en réponse à l’agressivité de Sarko qui critiquait ses connaissances dans ce domaine. Pendant ce temps-là, Carla Bruni devenait la marraine 2010 de la Patrouille de France. S’envoyer en l’air, ça la connait.